HOMMAGE A "MONOMAN"
Patrick Joly, plus connu sous le nom de « Monoman » par la communauté de Chamonix, était connu pour son caractère excentrique et son style de ski agressif, qu'on voyait souvent sur le Monte Bianco Skyway en Italie voisine avec des antennes sur la tête et une cape sur le dos. | Photo : Papy Millet
Le Monte
Bianco Skyway est une merveille d'ingénierie. Ce téléphérique rotatif ,
qui s'élève du pittoresque village de ski italien de Courmayeur et offre une
vue panoramique à 360 degrés, permet d'accéder aux hauts glaciers du massif du
Mont Blanc à plus de 3 400 mètres d'altitude, juste de l'autre côté du tunnel
qui part de Chamonix. Il donne un accès direct à certains des domaines skiables
les plus dangereux au monde. C'est une balade élégante et impressionnante dans
la nature sauvage alpine qui entoure le plus haut sommet d'Europe occidentale.
Pour Patrick Joly, plus connu sous le nom de « Monoman » par les habitants de
Chamonix et de Courmayeur, c'était une porte d'entrée vers l'endroit où il se
sentait le plus vivant.
Le 14 février,
Monoman skiait seul sous le Col du Géant lorsqu'une avalanche a dévalé la ligne
du Sérac, le prenant par derrière. Enseveli sous plus d'un mètre de neige, il est
resté coincé pendant 45 minutes avant l'arrivée des secours. Il a été extrait
des décombres, s'accrochant à peine à la vie, et transporté par hélicoptère à
l'hôpital Parini d'Aoste. Deux jours plus tard, il a succombé à ses blessures.
Il avait 65
ans.
La Légende de Monoman
Monoman
n’était pas un skieur ordinaire. Représentant commercial retraité de Paris, il
s’était installé à Chamonix il y a 12 ans et s’était lancé dans une vie de ski
à plein régime. Son amour pour le monoski – un style qui a fleuri dans les
années 1980 mais qui s’est depuis estompé – est devenu sa carte de visite, mais
c’est son apparence unique qui le distingue vraiment. Avec sa cape flottant
derrière lui alors qu’il dévalait les pentes, il ressemblait à un super-héros
du ski, le tissu fouettant au vent comme pour alimenter sa vitesse et son talent.
Fixées à son casque, deux antennes – bizarres, inexplicables, mais tout à fait
adaptées à un homme qui semblait exister sur sa propre longueur d’onde, réglé
sur une fréquence de pure joie et d’adrénaline. Qu’il s’agisse de style, de
superstition ou d’une blague silencieuse, personne ne le savait avec certitude,
mais ensemble, la cape et les antennes sont devenues une partie aussi
importante de sa légende que sa quête incessante de la prochaine descente.
« Il était là,
à skier tout le temps, à en profiter au maximum », a déclaré Ross Hewitt , guide de longue date à
Chamonix. Ce n’était pas seulement le fait qu’il skiait tous les jours, c’était
aussi la façon dont il skiait. En 2019, Monoman a établi le record du plus
grand nombre de descentes effectuées en une seule journée sur le Monte Bianco
Skyway : 18 tours, chaque descente mesurant au moins 1 200 mètres
(4 000 pieds) de long. Un exploit stupéfiant, compte tenu du terrain
difficile et du temps qu’il faut pour remonter à vélo.
« Il l'a fait
au cours d'une année où la sortie était difficile et lente », se souvient
Hewitt. « Mais Monoman est resté là toute la journée, alors que tout le monde
disait : "Il commence à faire chaud. Il est temps de rentrer à la
maison." »
Monoman était
un personnage excentrique mais très respecté à Chamonix. Si la remontée mécanique
était en retard ou si le temps se gâtait, il trouvait un piano et commençait à
jouer. C'était un musicien professionnel, qui se produisait souvent dans les
bars et les hôtels pour l'après-ski. Parfois, il jouait même dans la station du
Monte Bianco Skyway entre deux descentes, ses doigts dansant sur les touches
tandis que son monoski était appuyé contre le mur à côté de lui, la neige
ruisselant sur le carrelage de la station intermédiaire.
« Il aimait la musique, il aimait
la vie », a déclaré Papy Millet, un autre habitué de Skyway et ami du regretté
héros du freeride de Chamonix Tof Henry , ainsi
que l'un des plus proches partenaires de ski de Monoman. « Il s'amusait
toujours. »
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